Chapitre 5


Des mutants ???

À peine remis de leurs émotions, les enfants dételèrent le cheval et se réinstallèrent tous les cinq sur le tracteur du père Pécoul. Celui-ci roulait tant bien que mal en faisant des bruits étranges et des grincements inquiétants. Mina suivait le plan, Albert et Gibaud tenaient le volant, pendant que Elona soignait le genou de Mathieu. Quant au cheval, il trottait tranquillement à côté du tracteur.
La route commençait à descendre, et le tracteur prenait de la vitesse. Au début, ils trouvaient cela exaltant, mais petit à petit ils réalisèrent le danger qui les attendait. La peur commençait à les envahir.
" Regardez, c'est quoi, ça, là-bas ? dit Mina. On dirait que la route est coupée... Gibaud, il faut ralentir !
- Mais comment ?!
- Essaie d'appuyer sur les pédales, là !
Paniqué, Gibaud se mit à appuyer frénétiquement sur celles-ci.
- Mais ça marche pas !
Mina chercha autour d'elle.
- Essaie cette manette ! "
Brusquement, Gibaud tira alors sur la manette, tout en tournant le volant, et le tracteur se coucha violemment dans un fracas épouvantable. Les enfants avaient eu une grande frayeur, mais ils s'en étaient sortis sans trop de blessures.


Mina descendit la première du tracteur et comprit ce qui avait été l'objet de cette mésaventure : la fissure qui s'était produite la veille s'était agrandie. Réalisant sa profondeur et l'infime distance qui la séparait du tracteur couché, Mina s'exclama : " Mon Dieu, ce à quoi on a échappé...! ". Les quatre autres la rejoignirent et constatèrent eux aussi qu'ils l'avaient échappé belle. Mais un détail attira bien vite leur attention : un léger bruit, agréable mais inconnu, se faisait entendre.


" Vous entendez ?
- Qu'est-ce que c'est ?
- Allons voir, suivez-moi, reprit Mina. "
Ils se mirent donc à marcher silencieusement le long de la fissure pour découvrir l'origine de ce bruit. Ce son semblait de plus en plus proche, de plus en plus fort, jusqu'à en devenir assourdissant. Ils arrivèrent enfin en haut d'une falaise. Au premier abord, ils ne virent que l'horizon qui s'étendait devant eux. Puis ils remarquèrent que juste en dessous coulait une cascade qui s'engouffrait dans un tunnel.

Comme ils avaient très soif, ils descendirent et se désaltérèrent longuement. Néanmoins ils étaient un peu inquiets :
" Cette eau est étrange.
- Elle pique la langue... mais c'est pas désagréable.
- C'est même excellent, il faut en ramener au village.
- Oui, mais comment la transporter ?
- Sans récipient, ça va être difficile.
- Je propose d'aller chercher dans ce tunnel, on ne sait jamais.
Les enfants pénétrèrent, non sans crainte, dans le tunnel. Il faisait noir et sombre, et la peur allait en grandissant. Soudain Mina fit signe aux autres de s'arrêter. Elle venait d'apercevoir une forme se déplacer furtivement. Ils s'approchèrent alors un peu plus, prudemment, et découvrirent à leur grande stupeur l'existence d'un immense bâtiment industriel sous-terrain. De nombreuses créatures, mi-humaines mi-animales, y travaillaient activement. Au centre de cette usine se dressait, immense, le fameux signe indiqué sur la carte, surmonté de l'inscription "PERIA".
Ils se souvinrent alors que le grand chaman leur avait dit qu'il avait déjà vu ce dessin dans son enfance.
" Nous ne sommes pas les seuls sur Terre ! s'exclamèrent-ils.
- Regardez, le logo de notre plan !
- Mais que sont ces êtres bizarres, et que font-ils ?
- Ils travaillent. On dirait qu'ils manipulent des bouteilles.
- Allons leur parler.
- Non, c'est trop dangereux ! Le chaman nous a dit d'être très prudents.
La nuit portant conseil, ils allèrent chercher à l'extérieur un coin pour dormir, et décidèrent de n'agir que le lendemain matin au lever du soleil.

Suite: Chapitre 6