Chapitre 6


Raspoutine

La nuit commençait à tomber et la petite troupe n'avait toujours pas trouvé de coin pour passer la nuit. Soudain Mina s'écria :Regardez là ! On dirait que nos souhaits sont encore exhaussés.
Une petite clairière apparut,dissimulée derrière un mur de végétation. Elle était abritée du vent et les arbres qui l'entouraient, semblaient former une barrière naturelle.Seule, la petite ouverture dans les buissons permettait d'entrer et de sortir à sa guise. C'est l'endroit idéal ! s'exclama Gibaud
Chacun, ravi à l'idée de passer la nuit dans cet endroit magnifique et si tranquille s'empressa d'y pénétrer.
Quelle ne fut pas leur surprise ! Le sol pavé de dalles bleues et souples ressemblait à des écailles.
Vous sentez ? Demanda Albert étonné.
" C'est bizarre ? Hein ! "
" C'est vrai mais que c'est confortable ! " Lui répondit Elona en laissant échapper un petit rire nerveux.
La lune éclairait le visage des enfants assoupis, une expression de bien être se dégageait de chacun d'eux.

Le silence de la nuit fut bientôt interrompu par un ronflement sourd et régulier mais les enfants trop fatigués n'y prêtèrent pas attention.
Mina l'intrépide se réveilla une nouvelle fois la première, pressée de découvrir quel mystère pouvait bien cacher cette étrange usine ainsi que ces mystérieuses créatures.
Elle appela ses amis qui eurent du mal à ouvrir les yeux par cette heure très matinale,après une si courte nuit et toutes les émotions et les péripéties de la veille. Bizarrement, Albert et Elona n'arrivèrent pas à se réveiller.
Alors les trois autres compères décidèrent de prendre les devants et commencèrent à se diriger vers l'usine Peria. On entendait déjà au loin, le cliquetis des bouteilles.
Mina, prenant le commandement du groupe suggéra à ses amis de s'avancer jusqu'à l'intérieur de l'usine afin de mieux observer son fonctionnement.
Ils marchèrent d'un pas décidé jusqu'à l'entrée de cette gigantesque fabrique, surveillant de tous cotés, de peur de se faire remarquer par ces drôles d'ouvriers. Leur cœur battait fort, on pouvait presque les entendre taper contre leur cage thoracique.
Ils commencèrent à pénétrer dans ce grand hangar, dirigés par le bruit des machines et des bouteilles. Ils marchaient à pas de velours, avançant lentement mais sûrement, respirant doucement pour ne pas se faire remarquer.
Mathieu avait un peu plus de peine, traînant sa jambe blessée quand tout à coup, il glissa sur un tuyau qui traînait à terre et s'étala de tout son long dans un vacarme assourdissant. Sa patte folle n'avait pu le rattraper et il avait perdu l'équilibre. Mina et Gibaud s'étaient précipités à l'abri derrière d'immenses cartons.
Après ce grand bruit, un lourd silence régnait. Tous les trois étaient pétrifiés, certains qu'une armée de créatures allait leur tomber dessus.
Il n'en fut rien, la machinerie de l'usine continuait à tourner, on entendait toujours le ronronnement des automates et des bouteilles, ce qui avait masqué la chute de Mathieu. Mina et Gibaud se précipitèrent vers Mathieu, soulagés de ne pas avoir été démasqués, inquiets pour leur camarade mais aussi un peu furieux. Mina faisait les gros yeux, l'interrogeant sur un ton énervé mais en chuchotant :
-ça va pas ? Qu'est ce qui t'a pris ? Tu aurais pu nous faire prendre !
Arrête de crier s'interposa Gibaud, il aurait pu se faire très mal.
- Oui, mais nous aurions pu…
- Chuuut ! Ne l'écoute pas, l'important, c'est que tu n'aies rien.
- Non, ça va juste quelques égratignures et quelques bleus en plus.
- Bon, allons-y ! Nous devons découvrir le secret de cette usine et retourner au campement avant qu'Albert et Elona ne se réveillent et s'inquiètent pour nous.
Ils continuèrent leur périple jusqu'à deux portes vitrées. Ils furent émerveillés par toute la machinerie et la vitesse à laquelle les bouteilles se remplissaient de cette eau si délicieuse, finement pétillante. Ils restèrent là un bon moment à regarder, fascinés. Mais pourquoi ? Et par quel tour de magie ces travailleurs étaient à la fois mi-hommes mi-animaux ? Ils étaient intrigués de voir ces personnages avec des pattes de gazelles et un corps d'homme, pouvant ainsi se déplacer rapidement d'un coin à l'autre de la salle des machines, sautant avec légèreté les tapis de bouteilles. Un autre avait un cou de girafe, lui permettant de par sa hauteur de superviser toute la salle.

Un autre encore, avait bras et jambes de singe utilisant son agilité et sa dextérité pour travailler à la fois avec ses pieds et ses mains. Tous avaient subi des mutations en rapport avec leur tâche.
Tous les trois étaient admiratifs, le visage collé à la vitre, les yeux écarquillés, la bouche bée .
Nos héros étaient donc à se demander s'il fallait continuer l'aventure dans cette grotte d'où jaillissait l'eau pure autrefois mondialement connue : la fameuse PERIA. En effet le spectacle qui s'offrait à eux les laissait pensifs et très hésitants. Est-ce- que ces monstres aux corps humains surmontés de têtes de porcs ou d'ânes, parfois encore de linottes, étaient pacifiques ? Leur offriraient-ils un emploi ? Un revenu? Un pouvoir d'achat? Mina s'adressa vivement à ses compagnons : "Je ne pense pas que ce lieu soit ce paradis suscitant toute notre convoitise. Regardez-les: ils passent leur temps à emplir des bouteilles sans même un clignement d'œil.


Relevez la tête, plus haut vous apercevez leurs dirigeants munis de triques. C'est fou non? ""
Tu as raison ", ajouta Elona, "ils ne nous offriraient pas même un verre d'eau".
Le travail qu'effectuaient ces créatures était impressionnant, ils déplaçaient des chariots gigantesques remplis de bouteilles. Il y avait une grande solidarité entre eux. Dès que l'un était fatigué, les autres accouraient pour l'aider en jetant des regards partout comme s'ils étaient surveillés. Mina ne comprenait pas. De quoi ces êtres avaient peur? Pourquoi toute cette tristesse dans leurs regards? Elle resta ainsi quelques heures jusqu'à ce qu'un bruit étrange la sortit de ses pensées. Là, devant elle, apparu un homme habillé de mille chaînes. Les petits êtres s'agenouillèrent à son arrivée et crièrent:
- Longue vie à Raspoutine.
L'homme les regarda à peine et il se déplaça parmi eux, tout en frappant ceux qui se trouvaient sur son passage.
- La production de l'usine est encore bien trop faible, si vous voulez un jour revoir vos enfants vivants, je vous ordonne de travailler plus, toujours plus!
Mina était terrorisée, cet homme était effrayant; Soudain, une voix grave les fit sursauter.
- Que faites-vous là ? Qui vous a permis d'entrer ? Gardes arrêtez-les !

Ils ne doivent pas découvrir le secret de notre eau. Encerclés de tous cotés, les enfants ne purent que se rendre devant cette armée d'hommes gorilles. Ils furent soulevés, pieds ballants chacun par un colosse et entraînés dans un cachot. Effrayés et tremblants, ils étaient collés tous les trois dans un coin de cette minuscule geôle.
- N'ayez pas peur ! Intervint Mina. Quand Elona et Albert ne nous verrons pas, ils viendront à notre secours avec tous les gens du village.
- Tu crois qu'ils pourront nous délivrer? Les gardes sont sacrément costauds. Répliqua Mathieu apeuré.
Albert, lui ,ne disait rien mais n'en pensait pas moins.
- Ne vous inquiétez pas, j'ai confiance, croyez-moi. En attendant, reposons-nous, nous sommes debout depuis tôt ce matin et nous aurons besoin de force pour nous sauver.
Toujours collés les uns contre les autres pour se réconforter, ils fermèrent les yeux et s'assoupirent.
Au milieu de la nuit,Mina se frotta les yeux et ...
vit le petit être qui tout à l'heure avait attiré son regard. Il lui fit signe de ne pas parler et lui demanda de le suivre. Les enfants se dirigèrent alors vers une petite salle à peine éclairée et le mutant se mit à parler.
-Mon nom est Cloné et j 'ai 80 ans. J'ai quatre enfants que le maître Raspoutine retient prisonniers depuis 50 ans. Il nous force à travailler pour lui, il possède le pouvoir et il tue les résistants. Nous avons pris une apparence mi-homme mi-animale depuis que nous vivons sous la terre.

Soudain, Mina entendit la voix d'Elona.
Une forte lumière l'éblouissait, l'empêchant d'ouvrir les yeux. Ses paupières étaient lourdes.
Mina, ouh ouh…
Mina ? Réveille-toi, rappelle-toi, nous devons aller à l'usine éclaircir le mystère du logo de notre plan.
A ces mots, Mina ne fit qu'un bond et réussit à ouvrir les yeux découvrant l'arbre sous lequel ils s'étaient endormis la veille au soir.
J'ai fait un cauchemar… nous étions partis…
Suite: Chapitre 7